lundi 28 décembre 2020

Kwanzaa: La Fête Afro-Américaine qui célèbre le Patrimoine Africain

 

Kwanzaa est une fête célébrée par les Afro-Américains du 26 décembre au 1er janvier.

Elle a été crée en1966 par Maulana Karenga, période où le panafricanisme était à son apogée. 
Maulana Karenga, activiste afro américain, aspirait à travers cette fête à mettre en avant les liens entre les Noirs d’Amérique et d’Afrique, et à se démarquer des fêtes de Noël associées aux Blancs.

A travers cette fête, les afro-descendants américains et la diaspora africaine, tendent à établir leurs propres références de valeurs en y incluant l'Afrique. Kwanza est donc avant tout une fête culturelle au delà des adhésions religieuses ou philosophiques de chacun, ce n'est pas un Noel noir ni une Hanoukka noire comme certains la présentent. C'est une fête familiale comme le rappelle Kamala Harris, vice-présidente des Etats-Unis d'Amérique, en expliquant que c'est un de ses meilleurs souvenirs d'enfance

Kwanzaa signifie "premiers fruits" en Swahili rappelant les fêtes agricoles africaines, les fêtes des prémices qui suivent les récoltes. Cette fête tire donc son origine de la coutume de se rassembler autour de la première récolte de l’année

Kwanzaa se base sur les 7 principes fondamentaux. Un principe fondamental est décliné chaque jour en allumant une bougie. C'est le Kinara, un candélabre à 7 branches qui est utilisé avec 7 bougies, une noire, trois rouges et trois vertes. 
Le premier soir c'est la bougie noire qui est allumée, le lendemain, la rouge, puis la verte, et ainsi de suite pendant sept jours. 
Les couleurs des bougies représentent les couleurs du nationalisme panafricain.
Il est à noter que cette symbolique des bougies est retrouvée dans plusieurs religions et  cultures.
Ces principes égrenés chaque jour doivent être source de méditation durant cette semaine précédant la nouvelle année.


1- Unité Umoja 

2 -Auto-détermination Kujichagulia 

3- Travail collectif et Responsabilité Ujima

4- Coopération économique Ujamaa 

5- But Nia 

6- Créativité Kuumba 

7- Foi Imani 


Que l'on soit afro-américain, afro-descendant ou pas, nous pouvons tous nous approprier le principe de cette fête en listant ces principes ou d'autres pour les méditer et les mettre en pratique tout au long de l'année à venir.
Cela pourrait être l'équivalent des classiques bonnes résolutions mais cette façon de faire nous pousse à y réfléchir ensemble en famille ou entre amis pour une réelle application ultérieure.
 
 
 
Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends

mardi 19 mai 2020

Quand les Anglais vendaient leurs épouses aux enchères



La vente d’épouse a vu le jour vers la fin du XVIIème siècle en Angleterre, et permettait aux Anglais les plus modestes de mettre fin à un mariage par consentement mutuel.


Il y aurait eu 300 épouses vendues aux enchères, bien que les historiens pensent que ce chiffre est largement sous estimé.



La première vente recensée par la presse a eu lieu en 1733 à Birmingham "Samuel Whitehouse a vendu sa femme, Mary Whitehouse, sur le marché, à un certain Thomas Griffiths, contre la somme d’une livre sterling". Selon les termes de l’accord passé entre les deux hommes "Griffiths devait prendre Mary avec tous ses défauts".


Le dernier cas de vente d'épouse est recensé en 1913. Il s’agit d’une habitante de Leeds vendue à l’un des amis de son mari pour une livre sterling.



Les femmes sont exhibées corde autour du cou et de la taille sur une estrade dans des marchés publics. Il faut tout de même noter que ces ventes se faisaient par consentement mutuel. Ce sont majoritairement les maris qui prenaient l'initiative de la vente, mais les femmes ne subissaient pas cette pratique sans agir, certaines femmes ont refusé l’acquéreur et poursuivi la vente jusqu’à trouver l'homme qui leur convenait. D'autres ont insisté pour être vendues pour ne plus vivre avec un mari adultère. 




Cette pratique qui ne correspond à aucune loi a été tolérée car elle permettait la séparation de couples ne pouvant pas le faire par le biais d'un divorce trop coûteux, et un divertissement pour une certaine catégorie de la population.

Vers la fin du XVIII siècle des femmes commencent à interrompre des ventes d'épouses, la presse fait des comptes rendus critiques, les juges ferment moins les yeux sur l'illégalité de cet acte, mais ce n'est pas pour autant que ces ventes s'arrêtent et elles connaîtront leur apogée entre 1820 et 1830.
Il faudra attendre le XXème siècle pour que cette pratique disparaisse.

Dans la mesure où il y avait consentement mutuel doit-on être choqué par ces pratiques?
De nos jours notre pensée féministe occidentale veut absolument faire rayonner de par le monde son modèle de "comment être femme".

Mais des femmes qui acceptent des modes de vie que nous ne connaissons pas et qui ne font pas partie de nos pratiques sont elles des victimes? sont elles malheureuses? sont elles opprimées?
Doit on voler à leur secours et leur imposer de changer parce que nous estimons que notre façon de vivre est la seule octroyant liberté et dignité à la femme?
Les femmes ont évidemment acquis des droits, à des degrés divers selon les pays, et elles doivent rester vigilantes pour les conserver, mais sont elles certaines de ne plus avoir de corde autour du cou de nos jours?




Liens utiles
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vente_d%27%C3%A9pouse_en_Angleterre#Changement_d'attitude

Corneille a-t-il été le nègre de Molière?

 Molière et Corneille collaborant pour la pièce Psyché (peintre J.L.Gérôme (1824-1904))
Qui ne connait pas Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière? Les plus belles œuvres de la littérature française lui sont associées et elles constituent un des piliers de l'enseignement littéraire en France.



Molière occupe une place emblématique dans la culture française et plus largement francophone à tel point que l'on parle de "langue de Molière" pour parler de la langue française.

Et si Molière n'avait pas écrit toutes ses œuvres?

En 1919 Pierre Louys , poète et romancier français conteste la paternité des œuvres de Molière qu'il attribue à Corneille, dans deux articles "Corneille est-il l'auteur d'Amphitryon? " et "“L'Imposteur” de Corneille et le “Tartuffe” de Molière"

Pierre Louys met en doute la paternité de toutes les pièces dites "sérieuses" de Molière, notamment L’Ecole des Femmes (1662), Tartuffe (1664), Le Misanthrope (1666), Les Femmes savantes (1672), et les attribue à Pierre Corneille. 

En admirateur de Corneille, dont il connait les œuvres par cœur, Pierre Louys découvre une grande disparité de style entre plusieurs pièces de Molière et une étrange similitude entre les alexandrins de Molière et de Corneille.

Pierre Louys pointe le fait que l'on ne retrouve aucun brouillon des pièces de Molière et que Jean-Baptiste Poquelin est devenu Molière à Rouen où il a rencontré Corneille.

Et il s'interroge: comment a-t-il pu écrire 33 pièces tout en sillonnant la France en tant que directeur de troupe, metteur en scène, interprète et surtout organisateur des divertissements et courtisan de Louis XIV.


Dès lors naissent deux courants les Molieristes et les Cornelistes, mais la coalition contre Pierre Louys est tellement forte qu'il a du mal à développer ses arguments, son décès en 1925 met temporairement fin à cette polémique.

Mais la question n'est pas close pour autant, les publications et recherches continuent

1957 : L’écrivain Henry Poulaille publie Corneille sous le masque de Molière

1990 : L’avocat belge Hippolyte Wouters publie Molière ou l’auteur imaginaire ? 

2002 : L’universitaire Dominique Labbé, spécialiste du calcul de la distance intertextuelle trouve que 16 pièces de Molière sont de Pierre Corneille. Il publie "Corneille dans l’ombre de Molière, histoire d’une découverte" en 2003

2007 : France 2, dans le cadre de son émission « Secrets d’histoire », diffuse un dossier intitulé « Molière a-t-il écrit ses pièces ? » au cours duquel sont présentés les partisans des deux thèses.

2009 : L’universitaire Dominique Labbé publie son essai "Si deux et deux sont quatre, Molière n'a pas écrit Dom Juan".


Les Cornelistes pointent le fait que Molière n'a jamais été présenté par ses contemporains comme écrivain, mais uniquement comme comédien proche du roi donc intouchable.

Corneille maîtrisait aussi bien la satire que le comique. Il écrivait très vite et avec 6 enfants il avait besoin d'argent.
Les deux hommes ont déjà collaboré pour l'écriture de la pièce Psychée et auraient donc pu facilement conclure un accord d'écriture d'autres pièces par Corneille contre rémunération.


Les Molieristes soulignent le style austère et sérieux de Corneille et ne peuvent concevoir que Corneille aussi dévot ait pu écrire Tartuffe


Objectivement la thèse des Cornelistes apparaît la plus plausible surtout depuis les études scientifiques des poèmes. Les écrits sur cette affaire sont très nombreux et ne semblent pas devoir se tarir, chacun pourra se faire son idée. 

Il faudra peut être attendre que l'on trouve un écrit de Corneille actant cette association pour valider l'hypothèse de Pierre Louys. 



Mais ceux qui ont consacré leur vie à Molière et à ses œuvres pourront ils admettre avoir été dupés?

Est il encore possible de faire descendre Molière de son piédestal littéraire? On a du mal en France à admettre les faces cachées de nos personnages historiques.

"Molière, proche du roi, était le seul qui pouvait dire ce que Corneille était le seul à pouvoir écrire" Hippolyte Wouters  


Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends



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