mercredi 24 février 2021

Le Kunyaza en Afrique subsaharienne ou la jouissance féminine au cœur de l’acte sexuel

L'Afrique subsaharienne, et le Rwanda en particulier, ne sont pas spontanément associés à l'érotisme et encore moins au plaisir féminin dans notre imaginaire collectif en occident . 

Si certains hommes ont une totale méconnaissance des zones érogènes de la femme et ne considèrent pas les préliminaires comme essentiels, en Afrique subsaharienne une pratique sexuelle ancestrale place la jouissance de la femme au cœur même de l’acte sexuel. C'est le Kunyaza.

 

Le Kunyaza est tiré du verbe kunyaàra qui veut dire "uriner" en langue rwanda-rundi. Ce mot renvoie à l’éjaculation féminine. C'est "la caresse magique que chaque homme devrait connaître" pour satisfaire une femme.


Le kunyaza consiste à stimuler le clitoris en le tapotant avec le pénis sans qu'il y ait pénétration, l'objectif étant que la stimulation soit assez forte pour provoquer l'éjaculation féminine.
C'est bien plus qu'un préliminaire, c'est une technique que tout homme de ces régions doit maîtriser au risque d'être qualifié d'impuissant. Par ailleurs la femme qui n'éjacule pas est considérée comme non fertile.

Le Kunyaza est une pratique sexuelle issue d’une légende ancestrale provenant de la région des Grands Lacs au Rwanda

Une reine lassée par l’absence de son mari aurait sollicité un rapport sexuel avec un garde royal. Intimidé et anxieux, ce dernier aurait tenté de satisfaire ses désirs en tremblant et sans réussir à la pénétrer. La vibration de son pénis contre son clitoris aurait procuré tellement de plaisir à la reine que celle-ci aurait éjaculé et donné ainsi naissance au lac Kivu.


Cette pratique sexuelle et d'autres ont été combattues par l'Eglise mais ont malgré tout perduré. Les sociétés subsahariennes ont conservé leurs traditions ancestrales malgré la christianisation et l'islamisation, deux religions dont les interprétations par des sociétés machistes ont  bridé les plaisirs de la sexualité en la cantonnant à la relation maritale légitime et en associant le rapport sexuel uniquement à la procréation.

Il est donc temps de bousculer les référentiels: Le sexe et l'Afrique subsaharienne ce n'est pas uniquement l'excision ou l'infibulation, c'est toute une panoplie de pratiques sexuelles au service du plaisir des femmes.


« Il y a une culture de la sexualité au Rwanda, en tout cas autour de ce plaisir féminin. C'est une manière différente de parler d'un pays, et cela nous renvoie en miroir, à nous Occidentaux la manière de parler de sexualité librement. Est-ce qu'on est si ouvert que ça finalement ? C'est plutôt une réflexion sur le plaisir en général », confie Olivier Jourdain

 A la terminologie "femme fontaine" il convient de rajouter Kunyaza.

 

Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends

 

 

 

dimanche 24 janvier 2021

Thomas Fuller: esclave analphabète et génie du calcul mental

En 1724 Thomas Fuller alors âgé de 14 ans a été arraché à sa ville natale sur la "cote des esclaves" (de l’Afrique de l’Ouest (aujourd’hui le Libéria) et le royaume du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) pour être vendu comme esclave en Amérique.  Il se retrouve dans une plantation de Virginie du Nord chez Presley et Elizabeth Cox.

Thomas Fuller avait une capacité extraordinaire, celle de faire du calcul mental complexe alors qu'il était analphabète et que les Cox qui l'achètent l'étaient aussi. Ils vont d'ailleurs mettre à profit ses capacités pour gérer leur plantation. Lorsque ses capacités se répandent elles lui valent le surnom de "calculatrice de Virginie". Il était également connu sous le nom de "Negro Tom".

N'ayant pas  été scolarisé il a continué à développer son don en travaillant dans la plantation par "le comptage des poils dans la queue d’une vache ou le comptage des grains dans des boisseaux de blé ou de lin" . Il aurait également développé des techniques de calcul et de résolution de problèmes complexes.

C'est en 1780, à l'âge de 70 ans qu'un homme d'affaire de Pennsylvanie et ses associés, intrigués par cette histoire décident de le rencontrer. Parmi les multiples questions posées deux ont été rapportées 

- combien de secondes y a-t-il en un an et demi?
- combien de secondes a vécu un homme de 70 ans 17 jours et 12 heures?

Il répondit: 47 304 000 et 2 210 500 800, respectivement, en moins de deux minutes à chaque fois

Un des hommes fait remarquer que cela ne correspondait pas à ses propres calculs.
Thomas Fuller répond: "Massa, vous oubliez l’année bissextile".

Ces hommes ont transmis leurs observations sur les capacités de Fuller à la "Abolitionist Society of Pennsylvania". Le cas de Thomas Fuller a été utilisé par les abolitionnistes pour étoffer leurs travaux sur "l'égalité des noirs et des blancs au niveau des capacités cérébrales" à une époque où l'intelligence des noirs était mise en doute pour justifier l'esclavagisme.

Tom Fuller meurt à 80 ans, toujours esclave chez les Cox, le Columbian Centinel, un journal de Boston dans le Massachusetts écrit: "Ainsi mourut Tom, cet arithméticien autodidacte, ce savant non instruit! Si ses chances avaient été égales à celles de milliers de ses semblables, ni la Royal Society de Londres, l’Académie des sciences de Paris, ni même Newton lui-même n’auraient eu honte de le reconnaître comme un frère des sciences."

Il est Thomas Fuller a toujours été reconnaissant à ses propriétaires de ne pas l'avoir revendu alors que des négriers, promoteurs de spectacles, leur offraient une fortune pour l'exhiber dans les foires du pays.

L'histoire de Thomas Fuller a été rapportée par l'abolitioniste anglais Thomas Clarkson. Il reste beaucoup de flou sur la façon dont Thomas Fuller a développé ses capacités 


Il ne semble pas avoir eu des troubles de santé physique ou mentale qui pourraient associer ce don à un spectre autistique. Et n'ayant reçu aucune éducation en Amérique son don a forcément été initié en Afrique les 14 premières années de sa vie.


Liens utiles



Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends