mardi 8 février 2022

Alice Ball: noire, jeune, femme et scientifique oubliée



Alice Augusta Ball est née le 24 juillet 1896 à Seattle. Fille de Laura Louise Howard Ball et de James Presley, éditeur, photographe et juriste et petite fille de James Presley Ball, celèbre photographe.
C'est une étudiante brillante, elle obtient un diplôme en chimie pharmaceutique puis en pharmacie en 1915. C'est la 1ère femme et afro-américaine à être diplômée de cette université, et la première à enseigner une matière scientifique la chimie.




Elle s'intéresse à la lèpre et travaille avec Dr. Harry T. Hollmann sur l'huile de chaulmoogra.
À l'époque, Kalihi est l'un des rares hôpitaux à soigner les patients atteints de lèpre.
Cette huile est le seul traitement connu, mais en application ou en ingestion elle est collante et malodorante, en injection douloureuse car épaisse. Les patients ont des cloques et des vomissements


Alice Ball met au point une technique d'extraction qui permet de récupérer le principe actif l’ester éthyle des acides gras de l’huile de chaulmoogra. C'est un produite soluble dans l'eau, le remède devient injectable efficace et plus facile à administrer. Cette technique sera connue sous le nom de "Méthode Ball"


En 1916 elle meurt à l'âge de 24 ans, son certificat de décès mentionne la tuberculose, mais il semble qu'elle se soit intoxiquée durant des manipulations de laboratoire.Dans un article du journal Honolulu Pacific Commercial Advertiser datant de 1917, on apprend qu'« en septembre 1916, alors qu'elle donnait cours, Mlle Ball a souffert d'une intoxication à la chlorine ». À l'époque, les hottes de ventilation dans les laboratoires n'étaient pas obligatoires. Ainsi elle disparait sans avoir eu le temps de publier ses recherches.


Arthur L. Dean, chimiste et président de l’université d’Hawaï reprend les recherches de Alice Ball et publie les résultats sans la nommer. Il va ensuite produire de l’extrait de chaulmoogra injectable, il va jusqu’à renommer le procédé « méthode Dean »
Les travaux de Alice Ball appartiennent à l'université mais il se devait de la citer dans ses publications.


C'est Harry T. Hollmann rétablit la vérité dans une revue médicale en 1922 où il écrit que "Alice Ball était à l'origine de la solution de chaulmoogra, désignant cette dernière comme la « méthode Ball »"
En 1918, un médecin hawaïen rapporte que 78 patients atteints de la lèpre ont pu quitter l’hôpital après avoir reçu le traitement mis au point par Alice Ball.
Remède qui restera le plus efficace jusque dans les années 1940. A partir de 1940 les antibiotiques prennent le relais.

Malgré cela Alice Ball reste inconnue jusqu'en 1977, c'est Kathryn Waddell Takara qui découvre le nom de Alice Ball dans les archives de l'université et qui sort au grand jour ses travaux.

Alice Ball a fini par être reconnue pour son travail:
- en 2000 plaque commémorative au pied du seul arbre chaulmoogra de l'université
- en 2007 Médaille de distinction du conseil d'administration de l'université à titre posthume
- en 2016 une bourse Alice Augusta Ball a été créée et est destinée aux étudiants en chimie, biochimie, biologie ou microbiologie du campus de Manoa de l'Université d'Hawaï
- un court métrage "the Ball Method"


Comment Alice Ball a-t-elle pu casser le plafond de verre en tant que femme et noire?

Un début de réponse est dans l’introduction d’un article la concernant de Paul Wermeger dans le livre "They Followed the Trade Winds: African Americans in Hawaï" : " le 24 juillet 1892 à Seattle, Washington, Alice Augusta Ball est née de James P Ball et de son épouse Laura. Bien que les deux parents de son certificat de naissance soient indiqués blancs, d'autres sources, notamment des photographies de ses grands-parents, ont indiqué que sa famille était bien noire. Les parents au teint clair ont peut-être considéré ce mensonge "blanc" comme un cadeau parental qui pourrait aider leur fille aînée à surmonter certains préjugés auxquels elle serait inévitablement et malheureusement confrontée à l'avenir."

Au XIXe siècle époque de ségrégation raciale aux Etats-Unis, "devenir blanc" était assez fréquent chez les populations noires. La famille de Alice Ball a donc choisi le "white passing" à savoir quitter son groupe ethnique métis pour devenir blanc et profiter du "privilège blanc".

Liens utiles

https://jamanetwork.com/journals/jamadermatology/article-abstract/492761?resultClick=1&redirect=true
https://www.desecritsetdelhistoire.fr/post/alice-augusta-ball-la-scientifique-issue-d-une-grande-famille-de-photographes
https://www.nationalgeographic.fr/sciences/alice-ball-la-scientifique-qui-decouvert-un-traitement-contre-la-lepre-failli-tomber-dans
https://histoireparlesfemmes.com/2018/04/03/alice-ball-inventrice-dun-traitement-contre-la-lepre/
http://scholarships.uhfoundation.org/scholarships/scholarship_detail.aspx?acct=12748502


Ilham Seghrouchni-Vis et Apprends

 


mercredi 24 février 2021

Le Kunyaza en Afrique subsaharienne ou la jouissance féminine au cœur de l’acte sexuel

L'Afrique subsaharienne, et le Rwanda en particulier, ne sont pas spontanément associés à l'érotisme et encore moins au plaisir féminin dans notre imaginaire collectif en occident . 

Si certains hommes ont une totale méconnaissance des zones érogènes de la femme et ne considèrent pas les préliminaires comme essentiels, en Afrique subsaharienne une pratique sexuelle ancestrale place la jouissance de la femme au cœur même de l’acte sexuel. C'est le Kunyaza.

 

Le Kunyaza est tiré du verbe kunyaàra qui veut dire "uriner" en langue rwanda-rundi. Ce mot renvoie à l’éjaculation féminine. C'est "la caresse magique que chaque homme devrait connaître" pour satisfaire une femme.


Le kunyaza consiste à stimuler le clitoris en le tapotant avec le pénis sans qu'il y ait pénétration, l'objectif étant que la stimulation soit assez forte pour provoquer l'éjaculation féminine.
C'est bien plus qu'un préliminaire, c'est une technique que tout homme de ces régions doit maîtriser au risque d'être qualifié d'impuissant. Par ailleurs la femme qui n'éjacule pas est considérée comme non fertile.

Le Kunyaza est une pratique sexuelle issue d’une légende ancestrale provenant de la région des Grands Lacs au Rwanda

Une reine lassée par l’absence de son mari aurait sollicité un rapport sexuel avec un garde royal. Intimidé et anxieux, ce dernier aurait tenté de satisfaire ses désirs en tremblant et sans réussir à la pénétrer. La vibration de son pénis contre son clitoris aurait procuré tellement de plaisir à la reine que celle-ci aurait éjaculé et donné ainsi naissance au lac Kivu.


Cette pratique sexuelle et d'autres ont été combattues par l'Eglise mais ont malgré tout perduré. Les sociétés subsahariennes ont conservé leurs traditions ancestrales malgré la christianisation et l'islamisation, deux religions dont les interprétations par des sociétés machistes ont  bridé les plaisirs de la sexualité en la cantonnant à la relation maritale légitime et en associant le rapport sexuel uniquement à la procréation.

Il est donc temps de bousculer les référentiels: Le sexe et l'Afrique subsaharienne ce n'est pas uniquement l'excision ou l'infibulation, c'est toute une panoplie de pratiques sexuelles au service du plaisir des femmes.


« Il y a une culture de la sexualité au Rwanda, en tout cas autour de ce plaisir féminin. C'est une manière différente de parler d'un pays, et cela nous renvoie en miroir, à nous Occidentaux la manière de parler de sexualité librement. Est-ce qu'on est si ouvert que ça finalement ? C'est plutôt une réflexion sur le plaisir en général », confie Olivier Jourdain

 A la terminologie "femme fontaine" il convient de rajouter Kunyaza.

 

Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends

 

 

 

dimanche 24 janvier 2021

Thomas Fuller: esclave analphabète et génie du calcul mental

En 1724 Thomas Fuller alors âgé de 14 ans a été arraché à sa ville natale sur la "cote des esclaves" (de l’Afrique de l’Ouest (aujourd’hui le Libéria) et le royaume du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) pour être vendu comme esclave en Amérique.  Il se retrouve dans une plantation de Virginie du Nord chez Presley et Elizabeth Cox.

Thomas Fuller avait une capacité extraordinaire, celle de faire du calcul mental complexe alors qu'il était analphabète et que les Cox qui l'achètent l'étaient aussi. Ils vont d'ailleurs mettre à profit ses capacités pour gérer leur plantation. Lorsque ses capacités se répandent elles lui valent le surnom de "calculatrice de Virginie". Il était également connu sous le nom de "Negro Tom".

N'ayant pas  été scolarisé il a continué à développer son don en travaillant dans la plantation par "le comptage des poils dans la queue d’une vache ou le comptage des grains dans des boisseaux de blé ou de lin" . Il aurait également développé des techniques de calcul et de résolution de problèmes complexes.

C'est en 1780, à l'âge de 70 ans qu'un homme d'affaire de Pennsylvanie et ses associés, intrigués par cette histoire décident de le rencontrer. Parmi les multiples questions posées deux ont été rapportées 

- combien de secondes y a-t-il en un an et demi?
- combien de secondes a vécu un homme de 70 ans 17 jours et 12 heures?

Il répondit: 47 304 000 et 2 210 500 800, respectivement, en moins de deux minutes à chaque fois

Un des hommes fait remarquer que cela ne correspondait pas à ses propres calculs.
Thomas Fuller répond: "Massa, vous oubliez l’année bissextile".

Ces hommes ont transmis leurs observations sur les capacités de Fuller à la "Abolitionist Society of Pennsylvania". Le cas de Thomas Fuller a été utilisé par les abolitionnistes pour étoffer leurs travaux sur "l'égalité des noirs et des blancs au niveau des capacités cérébrales" à une époque où l'intelligence des noirs était mise en doute pour justifier l'esclavagisme.

Tom Fuller meurt à 80 ans, toujours esclave chez les Cox, le Columbian Centinel, un journal de Boston dans le Massachusetts écrit: "Ainsi mourut Tom, cet arithméticien autodidacte, ce savant non instruit! Si ses chances avaient été égales à celles de milliers de ses semblables, ni la Royal Society de Londres, l’Académie des sciences de Paris, ni même Newton lui-même n’auraient eu honte de le reconnaître comme un frère des sciences."

Il est Thomas Fuller a toujours été reconnaissant à ses propriétaires de ne pas l'avoir revendu alors que des négriers, promoteurs de spectacles, leur offraient une fortune pour l'exhiber dans les foires du pays.

L'histoire de Thomas Fuller a été rapportée par l'abolitioniste anglais Thomas Clarkson. Il reste beaucoup de flou sur la façon dont Thomas Fuller a développé ses capacités 


Il ne semble pas avoir eu des troubles de santé physique ou mentale qui pourraient associer ce don à un spectre autistique. Et n'ayant reçu aucune éducation en Amérique son don a forcément été initié en Afrique les 14 premières années de sa vie.


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Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends

lundi 28 décembre 2020

Kwanzaa: La Fête Afro-Américaine qui célèbre le Patrimoine Africain

 

Kwanzaa est une fête célébrée par les Afro-Américains du 26 décembre au 1er janvier.

Elle a été crée en1966 par Maulana Karenga, période où le panafricanisme était à son apogée. 
Maulana Karenga, activiste afro américain, aspirait à travers cette fête à mettre en avant les liens entre les Noirs d’Amérique et d’Afrique, et à se démarquer des fêtes de Noël associées aux Blancs.

A travers cette fête, les afro-descendants américains et la diaspora africaine, tendent à établir leurs propres références de valeurs en y incluant l'Afrique. Kwanza est donc avant tout une fête culturelle au delà des adhésions religieuses ou philosophiques de chacun, ce n'est pas un Noel noir ni une Hanoukka noire comme certains la présentent. C'est une fête familiale comme le rappelle Kamala Harris, vice-présidente des Etats-Unis d'Amérique, en expliquant que c'est un de ses meilleurs souvenirs d'enfance

Kwanzaa signifie "premiers fruits" en Swahili rappelant les fêtes agricoles africaines, les fêtes des prémices qui suivent les récoltes. Cette fête tire donc son origine de la coutume de se rassembler autour de la première récolte de l’année

Kwanzaa se base sur les 7 principes fondamentaux. Un principe fondamental est décliné chaque jour en allumant une bougie. C'est le Kinara, un candélabre à 7 branches qui est utilisé avec 7 bougies, une noire, trois rouges et trois vertes. 
Le premier soir c'est la bougie noire qui est allumée, le lendemain, la rouge, puis la verte, et ainsi de suite pendant sept jours. 
Les couleurs des bougies représentent les couleurs du nationalisme panafricain.
Il est à noter que cette symbolique des bougies est retrouvée dans plusieurs religions et  cultures.
Ces principes égrenés chaque jour doivent être source de méditation durant cette semaine précédant la nouvelle année.


1- Unité Umoja 

2 -Auto-détermination Kujichagulia 

3- Travail collectif et Responsabilité Ujima

4- Coopération économique Ujamaa 

5- But Nia 

6- Créativité Kuumba 

7- Foi Imani 


Que l'on soit afro-américain, afro-descendant ou pas, nous pouvons tous nous approprier le principe de cette fête en listant ces principes ou d'autres pour les méditer et les mettre en pratique tout au long de l'année à venir.
Cela pourrait être l'équivalent des classiques bonnes résolutions mais cette façon de faire nous pousse à y réfléchir ensemble en famille ou entre amis pour une réelle application ultérieure.
 
 
 
Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends

mardi 19 mai 2020

Quand les Anglais vendaient leurs épouses aux enchères



La vente d’épouse a vu le jour vers la fin du XVIIème siècle en Angleterre, et permettait aux Anglais les plus modestes de mettre fin à un mariage par consentement mutuel.


Il y aurait eu 300 épouses vendues aux enchères, bien que les historiens pensent que ce chiffre est largement sous estimé.



La première vente recensée par la presse a eu lieu en 1733 à Birmingham "Samuel Whitehouse a vendu sa femme, Mary Whitehouse, sur le marché, à un certain Thomas Griffiths, contre la somme d’une livre sterling". Selon les termes de l’accord passé entre les deux hommes "Griffiths devait prendre Mary avec tous ses défauts".


Le dernier cas de vente d'épouse est recensé en 1913. Il s’agit d’une habitante de Leeds vendue à l’un des amis de son mari pour une livre sterling.



Les femmes sont exhibées corde autour du cou et de la taille sur une estrade dans des marchés publics. Il faut tout de même noter que ces ventes se faisaient par consentement mutuel. Ce sont majoritairement les maris qui prenaient l'initiative de la vente, mais les femmes ne subissaient pas cette pratique sans agir, certaines femmes ont refusé l’acquéreur et poursuivi la vente jusqu’à trouver l'homme qui leur convenait. D'autres ont insisté pour être vendues pour ne plus vivre avec un mari adultère. 




Cette pratique qui ne correspond à aucune loi a été tolérée car elle permettait la séparation de couples ne pouvant pas le faire par le biais d'un divorce trop coûteux, et un divertissement pour une certaine catégorie de la population.

Vers la fin du XVIII siècle des femmes commencent à interrompre des ventes d'épouses, la presse fait des comptes rendus critiques, les juges ferment moins les yeux sur l'illégalité de cet acte, mais ce n'est pas pour autant que ces ventes s'arrêtent et elles connaîtront leur apogée entre 1820 et 1830.
Il faudra attendre le XXème siècle pour que cette pratique disparaisse.

Dans la mesure où il y avait consentement mutuel doit-on être choqué par ces pratiques?
De nos jours notre pensée féministe occidentale veut absolument faire rayonner de par le monde son modèle de "comment être femme".

Mais des femmes qui acceptent des modes de vie que nous ne connaissons pas et qui ne font pas partie de nos pratiques sont elles des victimes? sont elles malheureuses? sont elles opprimées?
Doit on voler à leur secours et leur imposer de changer parce que nous estimons que notre façon de vivre est la seule octroyant liberté et dignité à la femme?
Les femmes ont évidemment acquis des droits, à des degrés divers selon les pays, et elles doivent rester vigilantes pour les conserver, mais sont elles certaines de ne plus avoir de corde autour du cou de nos jours?




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https://fr.wikipedia.org/wiki/Vente_d%27%C3%A9pouse_en_Angleterre#Changement_d'attitude

Corneille a-t-il été le nègre de Molière?

 Molière et Corneille collaborant pour la pièce Psyché (peintre J.L.Gérôme (1824-1904))
Qui ne connait pas Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière? Les plus belles œuvres de la littérature française lui sont associées et elles constituent un des piliers de l'enseignement littéraire en France.



Molière occupe une place emblématique dans la culture française et plus largement francophone à tel point que l'on parle de "langue de Molière" pour parler de la langue française.

Et si Molière n'avait pas écrit toutes ses œuvres?

En 1919 Pierre Louys , poète et romancier français conteste la paternité des œuvres de Molière qu'il attribue à Corneille, dans deux articles "Corneille est-il l'auteur d'Amphitryon? " et "“L'Imposteur” de Corneille et le “Tartuffe” de Molière"

Pierre Louys met en doute la paternité de toutes les pièces dites "sérieuses" de Molière, notamment L’Ecole des Femmes (1662), Tartuffe (1664), Le Misanthrope (1666), Les Femmes savantes (1672), et les attribue à Pierre Corneille. 

En admirateur de Corneille, dont il connait les œuvres par cœur, Pierre Louys découvre une grande disparité de style entre plusieurs pièces de Molière et une étrange similitude entre les alexandrins de Molière et de Corneille.

Pierre Louys pointe le fait que l'on ne retrouve aucun brouillon des pièces de Molière et que Jean-Baptiste Poquelin est devenu Molière à Rouen où il a rencontré Corneille.

Et il s'interroge: comment a-t-il pu écrire 33 pièces tout en sillonnant la France en tant que directeur de troupe, metteur en scène, interprète et surtout organisateur des divertissements et courtisan de Louis XIV.


Dès lors naissent deux courants les Molieristes et les Cornelistes, mais la coalition contre Pierre Louys est tellement forte qu'il a du mal à développer ses arguments, son décès en 1925 met temporairement fin à cette polémique.

Mais la question n'est pas close pour autant, les publications et recherches continuent

1957 : L’écrivain Henry Poulaille publie Corneille sous le masque de Molière

1990 : L’avocat belge Hippolyte Wouters publie Molière ou l’auteur imaginaire ? 

2002 : L’universitaire Dominique Labbé, spécialiste du calcul de la distance intertextuelle trouve que 16 pièces de Molière sont de Pierre Corneille. Il publie "Corneille dans l’ombre de Molière, histoire d’une découverte" en 2003

2007 : France 2, dans le cadre de son émission « Secrets d’histoire », diffuse un dossier intitulé « Molière a-t-il écrit ses pièces ? » au cours duquel sont présentés les partisans des deux thèses.

2009 : L’universitaire Dominique Labbé publie son essai "Si deux et deux sont quatre, Molière n'a pas écrit Dom Juan".


Les Cornelistes pointent le fait que Molière n'a jamais été présenté par ses contemporains comme écrivain, mais uniquement comme comédien proche du roi donc intouchable.

Corneille maîtrisait aussi bien la satire que le comique. Il écrivait très vite et avec 6 enfants il avait besoin d'argent.
Les deux hommes ont déjà collaboré pour l'écriture de la pièce Psychée et auraient donc pu facilement conclure un accord d'écriture d'autres pièces par Corneille contre rémunération.


Les Molieristes soulignent le style austère et sérieux de Corneille et ne peuvent concevoir que Corneille aussi dévot ait pu écrire Tartuffe


Objectivement la thèse des Cornelistes apparaît la plus plausible surtout depuis les études scientifiques des poèmes. Les écrits sur cette affaire sont très nombreux et ne semblent pas devoir se tarir, chacun pourra se faire son idée. 

Il faudra peut être attendre que l'on trouve un écrit de Corneille actant cette association pour valider l'hypothèse de Pierre Louys. 



Mais ceux qui ont consacré leur vie à Molière et à ses œuvres pourront ils admettre avoir été dupés?

Est il encore possible de faire descendre Molière de son piédestal littéraire? On a du mal en France à admettre les faces cachées de nos personnages historiques.

"Molière, proche du roi, était le seul qui pouvait dire ce que Corneille était le seul à pouvoir écrire" Hippolyte Wouters  


Ilham Seghrouchni - Vis et Apprends



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